Cycle de la vigne
LE CYCLE DE LA VIGNE
À la fin des vendanges, le cycle végétatif de la vigne va tourner une nouvelle page et rentrer en phase de dormance. Les feuilles sont progressivement tombées, la sève est descendue, la température extérieure diminue, la vigne se recroqueville sur elle-même pour le repos hivernal. C’est durant cette période que l’homme intervient.
Janvier : Taille.
Le premier mois de l’année est consacré à la taille de la vigne. Ce travail consiste à couper une partie des sarments pour en limiter leur croissance, guider les branches de la vigne et ainsi pouvoir récolter plus tard des raisins en quantité et qualité satisfaisante.
Il est d’ailleurs souvent dit que la taille débute au 22 janvier, soit à la St Vincent, considéré comme le Saint patron et protecteur des vignerons. La légende raconte que Vincent de Saragosse fut torturé sur une roue à pressoir. Il est mort martyr à Valence en 305. Son prénom donne d’ailleurs lieu au jeu de mots Vin et Sang, poussant ainsi la légende encore plus loin, tout comme le dicton « À la Saint-Vincent, l’hiver s’en va ou se reprend ».
Février : Taille et réparation.
Courant février, la vigne demeure en dormance. Son activité est très faible. Elle a normalement su provisionner suffisamment de ressources et d’éléments pour survivre à cette rude période très froide.
Seul subsiste le bois sur le pied alors que les feuilles et le reste de la végétation n’ont bien sûr pas encore repris. Il faudra encore attendre plusieurs mois avant de les voir apparaître, ce qui n’empêche pas néanmoins des interventions humaines sur le pied.
Par la suite, le viticulteur procède au broyage des sarments, à l’aide d’un tracteur équipé, à l’arrière, d’un broyeur. Cette étape permet d’accélérer la décomposition des branches et d’apporter de la matière organique à la terre.
À partir de la mi-février, c’est le début de la période de réparation, c’est-à-dire le remplacement des piquets cassés, des fils coupés, sans oublier les amarres arrachées durant l’année précédente, lors des passages des tracteurs pendant les vendanges par exemple.
Mars : Liage et pleurs de la vigne.
Suite à ces travaux, les pieds sont attachés et les baguettes sont liées en Guyon double (mode de pliage en vigueur en Alsace). Le vigneron attache le bois restant sur le pied afin de le fixer au fil de fer porteur.
Fin mars, la vigne va entrer dans sa phase de pleurs. En effet, la taille de la vigne, combinée à une légère hausse des températures (supérieures à 10°C), entraîne la reprise de la poussée racinaire et une montée de sève correspondant au début du cycle de croissance de la vigne. Ces écoulements sont totalement normaux et durent le temps que la vigne se cicatrise d’elle-même.
Avril : Débourrement, plantation, replantation et labours.
La vigne passe par une phase de débourrement. Cela signifie que les écailles protectrices qui recouvrent le bourgeon vont s’écarter, laissant ainsi apparaître la bourre. Ce seront les futures feuilles du plant de vigne.
Au cours du mois d’avril, la période herbacée débute et poursuit ainsi un cycle de croissance de la végétation, débuté par la précédente phase de débourrement.
Avec la hausse progressive des températures, les précédents travaux réalisés sur le cep et malgré la possibilité toujours existante de gels tardifs, la vigne sort de sa phase de repos et entre en période de croissance, période qui dure tout le printemps et se poursuit en été.
Le mois d’avril est souvent l’occasion pour de débuter le labourage des terres. Cette opération, anciennement réalisée avec des chevaux et de nos jours à l’aide de tracteurs, procure de nombreux bénéfices à la terre. Elle permet tout d’abord de ramener le surplus de terre, autour des ceps, vers le milieu de la rangée, mais aussi et surtout d’éliminer l’herbe qui viendrait concurrencer la vigne et nuire à son bon développement, tout en aérant la globalité du sol, favorisant ainsi l’activité biologique et la pénétration de l’eau.
Pour finir c’est le mois idéal pour la plantation de la vigne. Les nouveaux pieds de vigne peuvent être plantés à même le sol.
Mai : Épamprage manuel et premier traitement.
Au mois de mai, le viticulteur procède à un ébourgeonnage et épamprage manuel, pour limiter le rendement des pousses indésirables et ainsi favoriser la concentration des raisins. Cette opération de taille complémentaire assure un équilibre entre la partie végétative et les organes de reproduction de la plante. Cette opération permet de diminuer les risques de transmission de maladies.
Il est nécessaire aussi, à cette période de l’année, de procéder à des pulvérisations permettant de prévenir les attaques de l’oïdium et du mildiou. Ce sont les deux grands dangers qui guettent la vigne et peuvent réduire à néant la récolte.
Juin : Floraison, et palissage.
Un nouveau pas est franchi dans la croissance de la vigne grâce à la floraison. Avec l’approche de belles températures (supérieures à 20°C), les feuilles se développent et s’étalent, les baies de raisins commencent peu à peu à se dessiner, les fleurs apparaissent, les grappes s’épanouissent et relâchent un léger parfum.
Cette étape de floraison, avec une météo adéquate, dure une dizaine de jours et durant lesquels a lieu la fécondation. En s’ouvrant, la fleur permet au pollen d’être transporté par le vent vers d’autres fleurs.
Ce mois est également l’occasion de procéder au palissage de la vigne. Les sarments, devenus flexibles, doivent être accompagnés et guidés pendant leur croissance. Les vignerons les attachent, voire les coincent, entre des rangées de fils de fer afin que leur croissance se fasse dans les meilleures conditions. Ce relevage de la vigne permet d’aérer les branches, favorise la photosynthèse et facilite le passage des engins mécaniques.
Juillet :Nouaison, vigilance et écimage.
Au cœur de l’été, la vigne entame la phase de nouaison. Les fleurs ayant été fécondées pendant la période précédente, se transforment en grains de raisin et forment de petites baies. Cette phase de nouaison, comme pour les autres étapes, dépend bien sûr des températures extérieures. En quelques semaines, la grappe se referme et les petits grains se resserrent.
Il s’agit de la dernière ligne droite avant la récolte – les vendanges. C’est un moment charnière très important, durant lequel il est recommander d’assurer une surveillance accrue des pieds afin de détecter l’apparition d’éventuelles maladies. Si tel est le cas, il faut alors procéder à un traitement adapté.
Nous procédons à un écimage, encore appelé « rognage », selon la direction des branches. Cette taille complémentaire a pour objectif d’éliminer les sarments trop longs. Il s’agit généralement de sarments poussant vers le haut ou sur les côtés, dont l’intérêt pour la vigne n’est pas très grand, et dont la coupe permet de limiter le volume végétatif exposé aux maladies et de favoriser la maturation des branches fruitières, porteuses de raisin. On peut également enlever des feuilles pour que les rayons du soleil puissent pénétrer au cœur de la vigne.
Août : Véraison, aoûtement et entretien.
Durant ce mois, la vigne continue de croître et passe par sa phase de véraison. Les grains de raisins grossissent et changent de couleur, passant du vert classique à un jaune transparent pour les raisins blancs, à un violet profond pour les raisins rouges et un rose léger pour les raisins roses.
Enfin, comme l’indique son nom, l’aoûtement intervient également durant ce mois d’août. Les jeunes rameaux changent eux aussi de couleur pour devenir bruns et le bois durcit. Le rameau prend alors le nom de « sarment ». Les sarments accumulent alors des réserves qui leur permettront de résister aux gelées de l’hiver suivant.
En août, les travaux du sol sont normalement à l’arrêt pour ne pas mettre en péril la récolte, mais on procède à des entretiens complémentaires. La période étant chaude et ensoleillée, elle est propice à ces travaux additionnels de vendanges vertes, qui consistent à supprimer manuellement certaines grappes afin de mieux équilibrer la vigne et la récolte à venir.
Septembre : Maturation et vendanges.
Après la phase de véraison, les grappes de raisin terminent leur croissance en entrant dans l’étape tant désirée de la maturation. Les raisins prennent ainsi leur forme et taille définitive, mais aussi leur couleur finale.
Les vendanges débutent. Récoltés trop tôt, les raisins n’atteignent pas leur pleine teneur en sucre. A contrario, récoltés trop tard, ils perdent une part de leur acidité. Grappe par grappe, à l’aide d’un sécateur, le raisin est idéalement récolté à la main, ce qui garantit un vin de grande qualité. Tout le savoir-faire du viticulteur réside dans la connaissance de ses vignes, mais aussi des terroirs où elles poussent, afin de choisir au mieux le moment adéquat pour récolter le raisin. Si la récolte des grappes destinées à la fabrication du Crémant, comme celle des cépages précoces, a lieu au tout début de la période des vendanges, il faut attendre plusieurs semaines avant de pouvoir récolter les cépages tardifs.
Octobre : Fin des vendanges et vinification.
La période de vinification est un moment intense, durant lequel il est nécessaire de surveiller chaque jour le vin dans les cuves ou barriques, de contrôler les niveaux de sucre et de fermentation alcoolique et de s’assurer que chaque indicateur est idéal pour donner le meilleur vin possible.
C’est durant cette période que le vignoble se pare de ses innombrables teintes jaunes, orangées et rouges qui rendent les coteaux si beaux à voir en automne.
Novembre : Dormance et suivi de la vinification.
Après ce merveilleux cycle de croissance et de production, la vigne rentre dans la phase de dormance, dès la fin du mois d’Octobre. Les feuilles perdent peu à peu perdre de leur couleur verte si caractéristique et tombent. De même, les sarments sont maintenant tous bruns, marquant ainsi la phase de repos de la vigne.
Décembre : Repos hivernal et suivi de vinification.
Du point de vue de l’activité viticole, plus rien ne se passe en ce mois de Décembre puisque la vigne est dans sa phase de repos hivernal, en attendant la nouvelle année et une prochaine phase de croissance.
Le viticulteur, lui, poursuit son travail dans le chais, où il veille sur les vins, et surveille la vinification. Le vin est un produit vivant, susceptible d’évoluer vers le vinaigre sans les soins constants et attentifs du maître de chais.
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